acte de résistance de mon grand-père
« Mon grand-père maternel, Edouard Genevriez, était un grand blessé de la guerre 14-18. Handicapé, il avait bénéficié d’un emploi d’Etat comme facteur à Guer.
Très ingénieux et d’un caractère bien trempé, candidat à l’Ecole des Arts et Métiers juste avant la guerre, il avait inventé un système de sacoches sur son vélo pour reposer ses épaules et un bras handicapé qu’il a rééduqué lui-même avec un système de poids et poulies, bien avant que n’existe la kinésithérapie.
Il a ensuite commercialisé son invention et fabriqué également des malles pour les militaires de l’Ecole St CYR de Coëtquidan. On le surnommait « mallette ».
Son entreprise s’est vite développée avec aussi la fabrication de garde-mangers qui se vendaient partout en France et jusque dans les colonies. Prévoyant, il avait acheté une ancienne école près de la gare de Rennes pour faciliter l’expédition des marchandises.
En 1940, les locaux de son entreprise qui se trouvait juste à côté de la gare de Guer avaient été réquisitionnés par l’armée allemande pour y entreposer armes et munitions ainsi que des tonnelets de cognac à destination du front russe.
Edouard Genevriez s’y connaissait en armes. Il avait donc aménagé une trappe discrète à l’arrière de son atelier pour faire du sabotage la nuit car son atelier était bien gardé par les soldats allemands. Ceux-ci avaient l’habitude de le voir entrer dans son atelier car, bien que l’entreprise était à l’arrêt, il veillait régulièrement à l’entretien des machines. La nuit, il sabotait la culasse des fusils, substituait de la sciure de bois à la poudre des obus, et coupait de moitié d’eau les tonnelets de cognac. Ne buvant pas d’alcool, pendant des années il a pu offrir du cognac avec le café à ses amis, sans qu’ils n’aient jamais su d’où venait ce cognac.
Il avait également caché une femme juive et son enfant, et aussi un aviateur anglais dont la toile de parachute en soie a servi à sa femme et ses filles pour confectionner des chemisiers dont il me reste un exemplaire. Il avait accompli d’autres faits de résistance mais en solitaire car il se méfiait beaucoup de la délation et de la jalousie.
Etant originaire de Lille, il avait accueilli des réfugiés venus du Nord au début de la guerre. Une famille s’est installée à Guer par la suite. Il s’agit de la famille Dellys Michel et Desiter, tous tailleurs et la mère de Paul Desiter, couturière de profession. Ils confectionnaient les uniformes d’apparat des officiers de Coëtquidan ainsi que des tenues de chasse à courre.
Edouard Genevriez a quitté Guer pour Rennes après la guerre. Mon père a repris l’affaire de Guer.
J’ai beigné tout petit dans l’atmosphère de résistance de mon grand-père et de mon père, lui-même décoré de la légion d’honneur pour faits de guerre en 1940.
C'est pourquoi, lorsque j’ai été sélectionné pour le concours Jean Moulin en 2003, j’ai créé une sculpture positive représentant le chef d’une résistance héroïque qui, comme Jean Moulin, a sacrifié sa vie pour que la France continue d’exister.
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Très ingénieux et d’un caractère bien trempé, candidat à l’Ecole des Arts et Métiers juste avant la guerre, il avait inventé un système de sacoches sur son vélo pour reposer ses épaules et un bras handicapé qu’il a rééduqué lui-même avec un système de poids et poulies, bien avant que n’existe la kinésithérapie.
Il a ensuite commercialisé son invention et fabriqué également des malles pour les militaires de l’Ecole St CYR de Coëtquidan. On le surnommait « mallette ».
Son entreprise s’est vite développée avec aussi la fabrication de garde-mangers qui se vendaient partout en France et jusque dans les colonies. Prévoyant, il avait acheté une ancienne école près de la gare de Rennes pour faciliter l’expédition des marchandises.
En 1940, les locaux de son entreprise qui se trouvait juste à côté de la gare de Guer avaient été réquisitionnés par l’armée allemande pour y entreposer armes et munitions ainsi que des tonnelets de cognac à destination du front russe.
Edouard Genevriez s’y connaissait en armes. Il avait donc aménagé une trappe discrète à l’arrière de son atelier pour faire du sabotage la nuit car son atelier était bien gardé par les soldats allemands. Ceux-ci avaient l’habitude de le voir entrer dans son atelier car, bien que l’entreprise était à l’arrêt, il veillait régulièrement à l’entretien des machines. La nuit, il sabotait la culasse des fusils, substituait de la sciure de bois à la poudre des obus, et coupait de moitié d’eau les tonnelets de cognac. Ne buvant pas d’alcool, pendant des années il a pu offrir du cognac avec le café à ses amis, sans qu’ils n’aient jamais su d’où venait ce cognac.
Il avait également caché une femme juive et son enfant, et aussi un aviateur anglais dont la toile de parachute en soie a servi à sa femme et ses filles pour confectionner des chemisiers dont il me reste un exemplaire. Il avait accompli d’autres faits de résistance mais en solitaire car il se méfiait beaucoup de la délation et de la jalousie.
Etant originaire de Lille, il avait accueilli des réfugiés venus du Nord au début de la guerre. Une famille s’est installée à Guer par la suite. Il s’agit de la famille Dellys Michel et Desiter, tous tailleurs et la mère de Paul Desiter, couturière de profession. Ils confectionnaient les uniformes d’apparat des officiers de Coëtquidan ainsi que des tenues de chasse à courre.
Edouard Genevriez a quitté Guer pour Rennes après la guerre. Mon père a repris l’affaire de Guer.
J’ai beigné tout petit dans l’atmosphère de résistance de mon grand-père et de mon père, lui-même décoré de la légion d’honneur pour faits de guerre en 1940.
C'est pourquoi, lorsque j’ai été sélectionné pour le concours Jean Moulin en 2003, j’ai créé une sculpture positive représentant le chef d’une résistance héroïque qui, comme Jean Moulin, a sacrifié sa vie pour que la France continue d’exister.